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Une nouvelle forme d'économie émerge
par Mireille Forget le 2018-09-27

Je suis préoccupée par la détérioration de la situation planétaire qui ne peut qu’avoir des retombées chez nous.  Mais aujourd’hui, je veux vous parler d’espoir.  Parce que, «... de plus en plus de gens refusent de baisser les bras et choisissent plutôt l’engagement», comme l’écrit David Suzuki et ses collaborateurs dans son récent livre: Demain le Québec, inspiré du documentaire Demain, maintes fois primé, des français Cyril Dion et Mélanie Laurent.


Un mouvement qui débute

C’est une réaction positive qui est déjà en cours, un peu partout sur la planète.  Les gens réalisent qu’on ne peut plus attendre le salut du monde politique ou économique.  La réaction doit venir de la base de la société.  

Un exemple: dernièrement j’ai choisi de faire réparer un appareil plutôt que d’en acheter un neuf.  Quand j’ai mentionné le coût environnemental associé à la production du nouveau, la réaction du technicien a été de dire que ce n’est pas nos petites actions qui vont faire une différence pour l’équilibre de la planète.  Mais il avait tort parce que c’est justement le contraire!  C’est l’addition des actions positives des milliards d’individus qui peuplent la planète qui fera une très grosse différence!

Et c’est justement ce qui se passe partout et le Québec est chef de file dans le mouvement.  Des gens choisissent l’action et mettent sur pied le monde de demain, tranquillement, une entreprise à la fois...


Agriculture et alimentation

De plus en plus de gens, dont beaucoup de jeunes, se tournent vers une alimentation saine et équilibrée.  Le bio a le vent dans les voiles et des fermes apparaissent sur les toits des villes.  Dans un quartier branché de Montréal, un groupe d’achat, NousRire, est à révolutionner la façon de faire l’épicerie pour en faire une expérience unique de discussion, de partage de valeurs et de recettes, le tout selon la formule zéro déchets.  La commande se fait par Internet et ils tiennent des comptoirs de livraison partout au Québec.  Ma prochaine commande arrivera à Kamouraska à la fin du mois.

Cet exemple, qui ne touche que les aliments secs, n’en est qu’un parmi tant d’autres.  Il faut aussi penser aux aliments frais et là, j’ai un autre exemple tout près, dans le 4e rang.

Juan Moralès et sa compagne, Caroline Marier, ont racheté la terre du père de Caroline et Juan a choisi d’y réaliser son rêve: semer et exploiter un grand potager, bio, évidemment.  Et, innovateur, il développe, en collaboration avec le CDBQ, une champignonnière.  Il espère voir son entreprise croître et vendre ses produits dans la région.  Et moi, qui suis déjà sa cliente, j’imagine pouvoir me fournir chez lui l’été prochain et y faire mes provisions de légumes racines pour l’hiver.  Idéalement, nous serions plusieurs à profiter de l’aubaine.  Ça, c’est de l’achat local!


Récupérer la récupération

Traditionnellement, le plastique est récupéré sous l’effet de la chaleur et de la pression mais le résultat obtenu est de moindre qualité que l’original.

Mais Daniel Solomita, un chimiste novateur, a réussi à dissoudre le plastique sans chaleur ni pression.  Il a recréé de l’acide téréphtalique, c’est à dire qu’il a réussi à revenir à la matière première à partir d’une matière transformée. Tout un exploit puisque c’est surtout sans apport énergétique et en utilisant des procédés chimiques qui fonctionnent en boucle, pratiquement sans aucune perte.  Traiter le plastique usagé avec cette technique augmente sa qualité au lieu de la dégrader. 

Restait à passer à la deuxième étape et le faire à grande échelle et, pour ça, il trouve du financement et met sur pied une usine pilote à Terrebonne.  C’est là qu’il reçoit les géants de l’industrie. Pepsi, Coca-Cola, Neslé et Danone se montrent intéressés.  Ils voient un avantage publicitaire à mettre en valeur leur association avec Loop Industrie.  Même Évian est intéressé.  Quand on sait l’ampleur des problèmes que crée l’utilisation du plastique, le procédé québécois a tout pour réussir une percée mondiale!


Cultiver avec les micro-organismes

Ananda Fitzsimmons, une autodidacte en microbiologie, crée des ferments probiotiques riches en micro-organismes vivants qui sont favorables à la croissance des plantes et elle en fait des options aux pesticides et engrais chimiques. Avec l’aide d’autres femmes dont des avocates en droit commercial et propriété intellectuelle, elle crée Inoculor en 2007.

Inoculor offre aux fermiers des produits à base de micro-organismes naturels qu’ils peuvent pulvériser sur les cultures.  Ce procédé permet de réduire de 30 à 60% les quantités de fertilisants et pesticides chimiques utilisés, une véritable révolution en agriculture!   

Et on les utilise déjà pour combattre les champignons dans les serres et en Floride pour contrer les ravages massifs que cause le dragon jaune dans les vergers d’agrumes...


Quelques autres exemples

Notre société produit une quantité phénoménale de déchets, c’est son vice de base.  Notre défi est de passer à une économie circulaire où rien ne se perd.

Enerkem est une de ces nombreuses entreprises canadiennes qui met au point les technologies et les modèles économiques qui rendront ce rêve possible.  Elle a été nommée en 2012 et 2014 parmi les 100 entreprises les plus prometteuses dans le monde...  Elle transforme les déchets ultimes en énergie et en produits chimiques, tout en diminuant les émissions de gaz à effets de serre et la pollution des sols, des cours d’eau et des océans.

Il y a encore les autobus aux pare-chocs bleus (il y en a qui circulent dans nos rangs ici même).  Marc Bédard, fondateur d’Autobus Lion, s’est fait dire que les pare-chocs bleus, c’était illégal…  Mais il n’a pas lâché et maintenant, l’entreprise vend partout en Amérique du Nord des centaines d’autobus d’écoliers, 100% conçus et fabriqués ici même au Québec!

Et un autre: Voulant mettre à profit les téléphones intelligents et réduire la congestion sur les routes, Marc-Antoine Ducas, fondateur de Netlift, met sur pied une façon très bien pensée de promouvoir le covoiturage.  S’associant avec Guillaume Boudreau il crée Netlift en 2012 et à la fin de 2016, l’entreprise effectuait 75?000 jumelages par mois.  Elle s’implante maintenant à Mexico, Toronto et à Lyon.


Transformer l’économie

Tous ces exemples et quantité d’autres sont déjà en place, occupés à révolutionner nos façons de faire, nous rendant plus productifs et plus propres à moindre coût.  «Il nous faut transformer notre mode de fonctionnement de fond en comble pour le rendre plus écologique mais aussi plus résiliant devant les chocs climatiques et économiques à venir.  

La solution ne sera pas que technologique, il nous faudra aussi nous défaire des règles économiques et des barrières politiques qui figent nos sociétés dans l’impasse et nous empêchent de créer le monde tel que nous l’envisageons.  Il faut faire éclater notre volonté malgré les obstacles» lit-on dans la conclusion de ce livre très inspirant.  Qu’en dites-vous?

Mireille Forget





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