Circuit céréalier court bien de chez-nous 

L'achat local n'aura jamais été si à la mode.  Confinés pendant plusieurs semaines pour la majorité d'entre nous et avec peu de possibilités de faire d'autres emplettes que l'alimentation ou en ligne, nous a eu le temps de réfléchir au contenu de notre assiette. Et le Québec s'est rendu compte de l'importance de la souveraineté alimentaire, à quoi plusieurs ont ajouté un intérêt inédit pour les méthodes de culture.  Résultat, le bio n'a jamais été aussi à la mode ! Connaissant la singularité de nos 2 milieux dans ce domaine précis et afin d'en savoir plus, je suis entrée en contact avec ces personnes qui, avec leur travail concerté, mettent d'excellents pains sur nos tables.

Une situation que l'on ne retrouve nulle part ailleurs au Québec!

J'ai contacté le premier maillon de cette chaîne, soit le producteur céréalier de Saint-Roch-des-Aulnaies, Claudel Picard.  Voici ce que j'ai appris.

M. Picard fournit en blé panifiable le moulin de Saint-Roch-des-Aulnaies depuis quelques années déjà.  Il cultive différentes variétés de blé dans ses champs.  Du blé d'automne, semé à l'automne et récolté à la fin de l'été ou d'autres variétés semées au printemps.  Cette année, une partie de ses champs est semée de Scotia, une variété récente.  Une deuxième partie est semée d'un mélange de 2 grains modernes, soit le Walton et le Fusion.  Finalement, une troisième partie est semée en entier d'un blé appelé Marquis, une variété développée en 1904.  Tous ces blés sont certifiés bio. L'ensemble couvre approximativement 70 acres.  Il vend tout son blé à la Corporation de la Seigneurie des Aulnaies qui se charge de le moudre au moulin seigneurial.

Mais, il n'est pas le seul à fournir le moulin, un autre collègue, Bernard Bérubé de la Ferme Pruchière à Saint-Pacôme, produit lui aussi du blé à pain pour Saint-Roch.  En fait, une espèce biologique récente, le blé Fusion et une ancienne bien adaptée à la région, le blé Huron.  Les superficies de blé à pain se ressemblent, ce qui leur fait à deux 140 acres en culture.  

 Au total de 130 à 140 tonnes de grains de moulange.  Pour ce qui est du sarrasin, il est produit par Daniel Dubé du Pré rieur à Saint-Jean-Port-Joli et le seigle d'une ferme céréalière située à Sainte-Anne-de-Beaupré.

Un beau trio

Le fermier fait pousser le grain, le meunier le moud et le boulanger le transforme en pains et viennoiseries.  Une belle équipe qui travaille de concert.  Chaque farine boulangère est faite d'au moins 2 variétés de blé, l'une complétant l'autre afin d'en faire un produit parfait pour la boulange.  On fait des tests, Charles vérifie la qualité, voit le résultat... et le client savoure!

Saviez-vous que les sacs de farine portent un numéro qui identifie sa provenance?  Lot #90 pour Claudel et #92 pour Bernard.  On peut souvent même vous dire quand et dans quel champ le blé a poussé.  Une belle amitié lie ces 3 complices dans l'amour de l'art, celui d'une alimentation saine et d'une production en accord avec la planète.  

Et tout ça chez nous, pour nous...  C'est ça le local.  Remarquez que la Seigneurie vend aussi ses farines ailleurs au Québec. 

Mireille Forget